Je profite de cette période plus calme au niveau production pour répondre à des questions qu’on me pose régulièrement sur des marchés, des foires ou des visites à la ferme 🙂
Oui, les huiles essentielles d’un(e) producteur-(ice) français(e), surtout s’il est « petit » (on reviendra sur cet intitulé), sont plus chères sur une bouteille donnée et oui, vous ne pourrez pas trouver chez lui(elle) toute la gamme des classiques (ravinsara, ylang-ylang, gaulthérie et consorts) mais vous trouverez bien d’autres choses qui valent le détour !
Qu’est-ce qu’un(e) « petit(e) » producteur(ice) ?
Déjà j’exclus ici les distillateurs non producteurs qui achètent les plantes pour les distiller en huiles essentielles et/ou qui rachètent des huiles essentielles de producteurs locaux pour construire tout ou partie de leur gamme. Ce qui m’intéresse, ce sont les personnes qui, comme moi, assurent le processus de bout en bout : depuis la culture, ou la cueillette sauvage, jusqu’à l’huile essentielle. On connaît ainsi les conditions de développement de la plante, le terroir, les conditions climatiques de l’année, l’état de la plante lors de sa récolte (aspect général, odeur, couleur), l’évolution de la ressource pour une plante sauvage… De nombreux détails qui permettent d’accumuler des observations utiles d’une année sur l’autre (et qu’on peut partager avec d’autres passionnés des plantes aromatiques et médicinales).
La qualification « petit(e) » est un peu plus compliquée à définir. Ce n’est pas qu’une question de surface de ferme ou de volumes de plantes récoltées (dans une certaine limite bien sûr !). Pour faire simple, c’est lorsque l’organisation de la production n’engendre pas une exploitation néfaste tant au niveau environnemental que social (il ne faut jamais oublier cette part là). Si par exemple, pour développer la production vous choisissez d’embaucher des saisonniers payés à la tâche (poids de plante récoltée), il y a des chances pour que cette cueillette ne soit respectueuse ni pour la ressource, ni pour les personnes qui assurent la cueillette.
La qualité au rendez-vous
J’ai très souvent le même type de retours d’utilisateurs réguliers de mes huiles essentielles : ils les trouvent plus puissantes que celles qu’ils achetaient en pharmacie ou en magasin bio. Je pense que c’est dû à plusieurs aspects importants dans mes pratiques :
- quasiment pas de travail du sol (pour préserver la structure et la vie des sols) mais plutôt un paillage des surfaces pour ne pas laisser les sols à nu , c’est un point que j’avais abordé dans un précédent article ;
- des cueillettes à la main (ce qui limite l’altération de la plante lors de la coupe) ;
- un préfanage minutieux avant distillation (où les plantes sont retournées tous les jours pour éviter un risque de moisissure) ;
- une distillation avec une faible surpression (la pression peut abîmer certains composés de l’huile essentielle) ;
- des distillations plutôt longues pour s’assurer d’avoir une huile essentielle complète (les derniers composés qui passent lors de la distillation vont peu contribuer au volume final mais sont indispensables pour la qualité).
On a ainsi une huile essentielle d’une plante qui s’est parfaitement développée, dans un environnement préservé, qui n’a pas été altérée lors de sa récolte et qui a été « préparée » pour sa distillation. C’est pourquoi j’insiste toujours un peu lorsque je rencontre des personnes sur les marchés pour qu’elles sentent mes testeurs : ce n’est pas parce qu’on a déjà senti l’odeur d’une huile essentielle de lavande aspic qu’on connaît l’odeur de celle que je produis 😉 La question d’un terroir ne se limite pas au vin !
Et si on revient à la question du coût de ces huiles essentielles de « petit producteur », ce qui paraît plus cher au premier abord ne l’est pas : on a généralement besoin d’utiliser moins de gouttes pour arriver au même résultat (et même mieux !), donc c’est finalement un très bon rapport qualité-prix 🙂
Le petit truc en plus : la rencontre
Bien sûr, l’un des plus grands intérêts est de pouvoir rencontrer et échanger avec la personne qui a produit cette huile essentielle.
Comme la plupart de mes collègues, j’apprécie particulièrement les marchés, les foires et les visites à la ferme pour expliquer mon travail, présenter mes plantes, mon alambic, parler de notre beau terroir cévenol, faire découvrir tous nos assistants malgré eux (insectes, vers de terre, araignées…) et j’en passe. On peut ainsi expliquer comment le laurier noble qui pousse facilement dans nos régions peut venir remplacer le tea-tree qui vient de si loin 😉
Je terminerai en disant que la question est la même sur les hydrolats/eaux florales, préférez le(la) « petit(e) producteur(ice) » !
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